Roumanie
La communauté rom roumaine est la plus importante au monde. Parmi les 23 millions d’habitants en Roumanie, le gouvernement estime la population rom à 400 000, mais un chiffre plus réaliste serait de 2 millions.
Au lendemain de la révolution de décembre 1989, plusieurs villages roms ont été brûlés par des nationalistes roumains avec la complicité des autorités locales. Suite aux réformes socio-économiques amenées par la chute du régime de Ceaucescu, des centaines de milliers de Roms sédentarisés se sont retrouvés à la rue sans aucune ressource.
Cluj-Napoca, seconde ville de Roumanie par son nombre d’habitants, est située en Transylvanie au nord-ouest de Bucarest. Cette ville universitaire est considérée comme la plus riche et la plus belle de Roumanie.
Aujourd’hui, quelques Roms “privilégiés” effectuent les tâches dénigrées par les roumains telles que le ramassage des ordures, la réfection des routes ou bien encore le balayage des rues de la ville de Cluj-Napoca. Pour tous les autres Roms sans emploi, il ne reste que la débrouille ou la vente de produits recyclables récupérés sur la décharge municipale.
De jour comme de nuit, hommes, femmes et surtout enfants remuent les 250 tonnes déversées quotidiennement par une noria de camions. C’est grâce à cela que survit une cinquantaine de familles roms de “dallas”.
Cette communauté fut appelée ainsi d’après la série télévisée américaine en raison des nombreuses intrigues amoureuses et disputes internes qui s’y déroulent, et aussi parce que la pauvreté et la misère de ce bidonville ne peuvent pas être plus éloignées de l’opulence américaine.
Cluj Napoca 1998
France
Bien qu’il soit difficile de dénombrer la population rom migrante sur notre territoire, on l’estime néanmoins aux alentours de 15.000 personnes originaires de Bulgarie, Hongrie, Roumanie, Slovaquie, Tchéquie ou bien encore des Balkans. Un grand nombre d’entre eux ont immigrés à la fin des années 90 suite à la chute des régimes communistes. Considérés comme des “clandestins”, ils se sont bien souvent installés dans des campements de fortunes autour de grandes métropoles comme Paris, Lyon, Marseille. En 2009 selon le ministère de l’Immigration, quelque 10.000 personnes ont été reconduites en Roumanie et en Bulgarie. Selon des estimations, près des deux tiers revenaient par la suite. Pour éviter que ces reconduits ne perçoivent de nouveau l’aide au retour, il a été prévu, en octobre 2010, un fichier biométrique baptisé Oscar. Leur migration est le plus souvent due à des discriminations à caractères racistes ou sociales dans leurs pays d’origines.
Rencontrant de grandes difficultés pour s’insérer, ils vivent en marge de notre société dans des conditions d’hygiène indigne et déplorable, de véritables bidonvilles aux cœurs de nos cités. Il leur est très difficile de scolariser leurs enfants. Bien qu’ils aient le droit de travailler sur notre territoire depuis le 1er janvier 2014, rares sont ceux qui ont pu accéder à un emploi. Faute de pouvoir les renvoyer légalement dans le cadre de la lutte contre l’immigration irrégulière, et afin de forcer aux retours volontaires, il a été constaté la mise en œuvre d’une stratégie d’intimidation et de harcèlement par des expulsions systématiques des lieux de vie. Contrairement aux idées reçues, en France ils sont bien moins nombreux que dans d’autres pays européens.
Gerland 2001, Aubervilliers 2004, Ris Orangis 2013, Grigny 2014.
Kosovo
À 10 kilomètres à l’ouest de Pristina, Obilic. C’est aux abords de cette ville, sur un ancien terrain militaire serbe qu’ont été regroupés environ 1500 Roms sous la protection de la force internationale d’interposition. Originaires de Pristina et de ses alentours, ils sont soupçonnés par les habitants de cette région d’avoir été les exécutants des extrémistes serbes pendant l’épuration ethnique menée par les milices dans le conflit serbo-kosovar. En effet, contrairement aux Albanais, les Roms du Kosovo effectuaient leur service militaire, ils sont donc accusés d’avoir joué le rôle d’auxiliaires des forces serbes. Victimes à leur tour d’un nettoyage ethnique systématique de la part de la population albanaise de retour dans leurs foyers, ils attendent depuis plus de 3 semaines ce que sera leur devenir. Ils ne peuvent sortir“de cette prison sans porte” comme ils appellent ce terrain, de peur d’être victimes de représailles de la part des Albanais vivant alentour.
Las, psychologiquement éprouvés, leurs maisons ayant été brûlées et leurs biens détruits, ils n’ont plus d’espoir. Pris en charge par quelques organisations non gouvernementales dont “Médecins du Monde”, ces Roms kosovars ne veulent plus croire à une solution négociée pour leur permettre de trouver refuge dans un autre pays européen. Malheureusement, l’histoire leur donnera raison. Objets d’un racisme partagé par Serbes et Albanais, les Tsiganes du Kosovo font figure de victimes tragiques de la guerre. Leurs subtiles stratégies de survie n’ont pas résisté au heurt frontal entre les deux communautés dominantes. Par peur de représailles, les personnes photographiées ne désiraient voir divulguer leur identité.
Obilic 1999.
Macédoine
La Macédoine compte un peu plus de 2 millions d’habitants, les Roms y représentent entre 2 et 10 % de la population. S’il est difficile de l’estimer avec précision, c’est qu’il reste complexe pour cette minorité d’obtenir une reconnaissance légale et administrative. Cette absence de statut engendre de nombreuses violations des droits fondamentaux, condamnant les Roms à rester des citoyens de second rang tant que les autorités n’auront pas pris les mesures adéquates. Même s’ils semblent bénéficier d’un meilleur sort que ceux habitant dans les autres républiques de l’ex-Yougoslavie, les Roms de Macédoine continuent de subir l’ostracisme de la part de la société et des pouvoirs publics. L’attitude des autorités, qui ne font rien pour lutter contre cette discrimination, renforce durablement leur marginalisation. Les Roms sont aujourd’hui parmi les plus pauvres du pays et leur précarité économique est renforcée par leur absence de reconnaissance légale. La plupart des Roms peinent à fournir les certificats de naissance – car ceux-ci sont payants – nécessaires à l’établissement de papiers d’identité. Il leur est ainsi particulièrement difficile de scolariser les enfants, alors que l’éducation est un élément clé de l’intégration. Les Roms qui sont tout de même parvenus à intégrer un cursus scolaire ont des difficultés, faute de papiers, à obtenir les attestations correspondantes. L’abandon dès le primaire est par ailleurs fréquent car le travail des enfants permet de subvenir aux besoins des familles. Candidate à l’intégration européenne, la Macédoine a été maintes fois critiquée pour le traitement réservé aux Roms, que ce soit dans les jugements rendus par la Cour européenne des Droits de l’homme ou dans les rapports de plusieurs instances des Nations unies.
in Dignité, Amnesty international 2013.